LA TENTATION DE PÉNÉLOPE

D’après l’essai de Belinda Cannone

Éditions Stock, l’autre pensée 2010

Mise en scène Camille Hazard

Adaptation & jeu Camille Vivante

 

 » Je ne sais pas ce qu’est être une femme, mais je suis sûre de vouloir faire de nombreuses choses, et mon seul souci est qu’on ne m’empêche pas de les faire, sous prétexte que je suis une femme. »

Dans son ouvrage, Belinda Cannone défend un « féminisme universaliste » plutôt qu’un « féminisme différentialiste » porté par des mouvements féministes qui préfèrent mettre le focus sur les questions identitaires et communautaires.
Dans son essai elle témoigne d’un féminisme revisité, revendiquant l’héritage du « Deuxième

Sexe » de Simone de Beauvoir. Elle s’intéresse à la notion de spécificité féminine, soutient que,
dans de nombreuses situations, nous ne sommes ni homme ni femme, car la question du genre
ne se pose pas toujours. Elle milite pour la liberté d’agir et pour l’égalité.
 » la question de l’identité ma parait secondaire par rapport à celle de la liberté d’agir. C’est pourquoi je propose d’inverser les priorités et de rechercher toujours la liberté au lieu d’une insaisissable identité. »

La mise en scène du spectacle cherche avant tout à faire résonner les mots de Belinda Cannone.
À travers une sobriété scénique, c’est tout d’abord un travail de pensées, de sens et d’incarnation dont il s’agit. Le spectateur est à la fois témoin des confidences de cette femme qui nous parle de son enfance, de sa sexualité, de son intimité et à la fois participant à ses questionnements intellectuels et réflexions sociologiques.
Entre interpellations et soliloques, le public est encouragé à réfléchir, à se modeler une pensée personnelle sans que rien ne lui soit dicté ou affirmé. Le personnage ne juge pas, il questionne.

« Quand j’ai écrit La Tentation de Pénélope -Stock, 2010-, je voulais mettre en lumière qu’il n’y a pas un féminisme, mais des féminismes très différents, avec des valeurs et des a priori qui leur sont propres. Nous sommes toutes féministes pour la même raison: nous voulons l’égalité. Mais nous ne sommes pas toutes d’accord sur la manière d’y parvenir. Il est important de le rappeler. Car on a vu par exemple se répandre l’idée qu’il suffit d’être une femme pour être féministe. Ce n’est pas vrai !
Il s’est répandu dans l’opinion un féminisme différentialiste qui ne cesse d’affirmer que les femmes et les hommes sont deux espèces absolument différentes et que les femmes doivent revendiquer à tout moment leur être féminin. Or je ne crois pas que nous soyons femmes à tous les instants de notre existence.
Très souvent, la question ne se pose pas. Par exemple, quand j’écris, quand j’enseigne ou que je jardine, je ne me perçois pas comme une femme, ni comme un homme d’ailleurs, juste comme une personne en train d’agir. Le fait de mettre en action, l’agir, au centre de mon féminisme me permet de me débarrasser de ces questions identitaires qui sont de pures chimères et qui sont le fondement du différentialisme. Je crois que c’est à l’aune de l’action possible que l’on peut évaluer la liberté des femmes. Je défends donc un féminisme universaliste qui me paraît être une voie plus sûre vers l’égalité. »

Belinda Cannone

Belinda Cannone est romancière, essayiste Elle enseigne la littérature comparée à l’Université de Caen Normandie depuis 1998 Docteur et maître de conférences en littérature comparée, elle a enseigné neuf ans à l’université de Corse-Pascal-Paoli à Corte, et, depuis 1998, à l’université Caen-Normandie. À partir des années 1990, elle écrit régulièrement des articles pour diverses revues, notamment Quai Voltaire Revue littéraire, Verso – Arts et lettres, L’Atelier du roman et Le Magazine littéraire. À partir de l’année 2000, elle commence à écrire des essais;

L’Écriture du désir (2001), Le sentiment d’imposture (2005), La Bête s’améliore (2007), La Tentation de Pénélope (2010), Le Baiser peut-être (2011).

Le Monde 13 septembre 2018

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CAMILLE VIVANTE

Comédienne

Entre 1952 et 1970, Camille Vivante se forme à l’art dramatique, à la danse classique, contemporaine, au piano et au jazz. Avec Tapa Ge De Sudana (Bouffes du Nord) et Erhard Stiefel (Théâtre du Soleil), elle aborde la technique du masque Balinais et de la Commedia dell’ Arte. Au théâtre, elle joue dans Le jour de la dominante de René Escudié, Fada fading et Crèmes de coton, créations du Groupe Sud, Alexis Zorba, d’après le roman de Nikos Katzantzaki par le TRAC, De si tendres liens de Lolech Bellon et Une chambre à soi d’après Virginia Woolf. Également professeur de théâtre depuis 1975, elle met en scène des textes classiques et contemporains avec diverses compagnie.

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Camille Hazard

Camille Hazard suit une formation de comédienne et de mise en scène au Studio 34 à Paris (Direction Ph.Brigaut). Par la suite, elle se forme à la vidéo et au montage au Triton et réalise des courts métrages sur le thème des sept pêchés capitaux. Pendant plusieurs mois, Elle intègre la troupe du Théâtre de l’Épée de Bois à la Cartoucherie et travaille avec Antonio Diaz-Florian. 2012, elle crée la Compagnie de briques et de craie avec laquelle elle organise des ateliers de théâtre dans différentes structures. En 2009, elle anime des stages de théâtre jeune public à Nazareth et à Ramallah. Entre 2009 et 2016, elle est comédienne dans Madame ka de Noëlle Renaude, l’Ile des esclaves de Marivaux,Ruy Blas de Victor Hugo, Maison de repos d’Emmanuel Lancien, Quand le mal s’emmêle de Bernard Borie, Les Souffrances de Job d’Hanokh Levin, Jacques ou la soumission de Ionesco, Boléro de Lucile Charnier et Mères sans chatte – A (II) RH+ de Nicoleta Esinencu qu’elle met en scène en 2016. En 2017 elle met en scène Une bouteille à la mer d’après le roman de Valérie Zenatti (en tournée en 2018 et 2019). Actuellement, elle travaille à une nouvelle mise en scène de la Révolte de Villiers de l’Isle Adam.

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